En bref

Champerché : la jeune pousse nous fait découvrir l’agriculture du futur !

Le champ dans la ville

L’idée germa dans la tête d’Antoine FUYET, fondateur de Champerché, rêvant dans la cave de ses parents d’un monde meilleur. Perché ? Pas tant que cela car aujourd’hui tous confiné et traversant une grave période de crise, nous réalisons comme lui que nous faisons face à de vrais problèmes alimentaires et logistiques. Les fruits et légumes que nous consommons font de nombreux kilomètres avant d’arriver dans nos assiettes et certains proviennent même d’autres continents, alors que les circuits courts, en réduisant le transport et les manipulations sur les produits, permettent de s’approvisionner avec moins de risque de contagion. Dans un rapport de 2016, l’OMS reconnaît les effets positifs de l’agriculture urbaine sur la santé et y ajoute l’impact positif sur la pollution de l’air et les pics de chaleur, ce dont bénéficie l’ensemble de la population métropolitaine.

L’agriculture urbaine peut donc apporter une contribution importante à la sécurité alimentaire des ménages, en particulier durant les périodes de crise et de pénurie alimentaire, et ainsi devenir une véritable solution alternative à l’agriculture traditionnelle pour la ville de demain. C’est le pari que s‘est lancé Antoine en créant la startup Champerché en 2017. “On commença par établir un prototype chez mes parents. Cette première étape nous a démontré que c’était possible et réalisable”. Et cette solution est actuellement largement plébiscitée par les consommateurs qui ont permis à Champerché de passer de 8% de vente aux particuliers avant la crise à plus de 40% actuellement. “C’est maintenant que nous parlons de notre projet autour de nous afin qu’il évolue d’autant plus”.

Un marché florissant

Dès 2009, le Ministère de l’agriculture étudie la faisabilité du développement de “la filière agricole au cœur des villes en 2030” et cultive sa connaissance du secteur. Depuis, l’association française d’agriculture urbaine professionnelle (AFAUP) qui ne recensait que 6 structures professionnelles en 2013, en compte plus de 300 aujourd’hui. De nombreux acteurs se sont donc appropriés le sujet, sous des formes très différentes. Start-up, grands groupes, associations locales, mouvements citoyens, chacun réinvente l’agriculture de demain à sa manière.

Mais si l'agriculture urbaine semble en plein essor, ces projets sont soumis à des coûts parfois importants et des espaces réduits ce qui ralentit le développement de cette production locale. L’enjeu actuel consiste donc à trouver un modèle économique stable, et c’est pour cela qu'aujourd'hui un grand nombre de ces projets se fondent sur des modèles économiques hybrides grâce à de la sensibilisation par exemple, voire poursuivent d'autres objectifs que la rentabilité.

Pour éviter ces contraintes, Champerché a fait le choix de maximiser leurs rendements grâce à des procédés de production tirant le meilleur d'un équilibre entre la technologie et le savoir-faire paysan. Pour assurer leur croissance, ils ont décidé de se positionner dans un premier temps sur des productions à forte valeur ajoutée (aromates, jeunes pousses, fruits, etc.) mais poursuivent l’objectif de nous nourrir entièrement et sans carence. Ils se différencient également en s’orientant vers une culture en sous-sol, au cœur des villes, plutôt que sur les toits comme cela se fait couramment, pour ne pas être limité par le poids pesant sur les bâtiments, et ne pas être mis en concurrence avec les projets d'installation de panneaux photovoltaïques. Ce modèle très terre à terre est encore relativement peu développé en Europe, contrairement à l’Asie et à l’Amérique du Nord, mais il permet à Champerché de se positionner comme un des pionniers du secteur.

Avec la crise sanitaire traversée actuellement, l'agriculture urbaine est perçue comme une véritable solution d’avenir pour subvenir à nos besoins. Champerché pourra compter de plus en plus sur le soutien des collectivités, des acteurs privés et de l'Etat. Le CESE préconisait en 2019 d’”adopter une fiscalité favorable aux projets d’agriculture urbaine “, et la Ville de Paris consacre une part non négligeable de son budget participatif à ces porteurs de projets chez qui elle voit “une vocation sociale répondant à un besoin des citadins”. Les agriculteurs urbains peuvent aussi compter sur les budgets RSE de nombreuses entreprises, notamment de la grande distribution, qui s'intéressent de près à ces nouveaux modèles qui les interrogent sur la manière de produire à proximité des lieux de distribution, les attentes et exigences des consommateurs, et la résilience du secteur agricole.

La main verte

L’agriculture traditionnelle est très gourmande en eau, abîme les sols, détruit la biodiversité et génère une importante pollution par l’utilisation excessive de fertilisants et pesticides divers. La solution de Champerché pour cultiver localement tout en respectant au maximum l’environnement repose sur deux techniques :  la bioponique* et la permaculture**. Et cela augmente les rendements possibles au mètre carré. “Nos rendements sont jusqu’à 216 fois supérieurs à l’agriculture classique et notre production nécessite 90% d’eau en moins.” Mais ce qui fait la différence, c’est une récolte d’un autre type : celle de nombreuses données permettant la mise en place d’une intelligence artificielle conçue pour piloter intégralement la ferme. L’expertise de Champerché repose donc sur la combinaison d’un modèle ancestral plus responsable avec les techniques numériques modernes. Et les résultats sont là !  

Le fruit du travail 

Grâce à ses rencontres et sa détermination, Antoine a naturellement su fédérer une équipe aujourd’hui composée de 11 personnes pour faire fleurir ce projet. Depuis l’ouverture de la première ferme de 42m2 en sous-sol à Paris en 2017, le rendement de la production d’aromates ne cesse d’augmenter. En récoltant raisonnablement, les plantes perdurent d’une année à l’autre, s’immunisent et se développent plus longtemps que sur une culture hydroponique classique. Professionnels de la restauration, grandes surfaces, particuliers, tous se retrouvent avec les mêmes intérêts : le goût, la qualité des produits et la démarche éco-responsable !

Cela a permis à Champerché de convaincre et de développer son réseau de distributeurs auprès de nombreux acteurs différents. Ils se positionnent donc comme une des innovations du secteur agricole à suivre de près. ”Cette méthode agricole est faite pour la ville et partout où l’agriculture est pour l’instant impossible.” Grace à l’ouverture prochaine d’une nouvelle ferme de 1.000m2, Champerché souhaite évoluer au point de nourrir une grande partie de la population francilienne en fruits et légumes en s’implantant dans des lieux stratégiques pour pouvoir produire toujours au plus près du consommateur.

*La culture bioponique est une technique de production hors-sol, ce qui signifie que les racines des plantes cultivées ne plongent pas dans leur environnement naturel, mais dans un liquide nutritif entièrement composé d’engrais bio.
**La permaculture s’inspire du fonctionnement de l’environnement au naturel et vise à recréer des écosystèmes dans une production agricole.